Portrait d’Anzoumane Sissoko
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Anzoumane est adjoint en charge de la solidarité internationale et du parcours d’accueil auprès du Maire du 18e. Il est l’un des représentant.es de la société civile du Groupe Écologiste et Citoyen

Comment appréhendes-tu tes délégations Solidarités internationales et parcours d’accueil ?

Au niveau d’une mairie d’arrondissement, les approches et les possibilités d’action sont très différentes pour l’une et l’autre délégation. La solidarité internationale étant plutôt de la prérogative de l’Hôtel de Ville, je m’attache à conseiller les associations qui y déposent un dossier pour obtenir le label Paris Europe, ou, pour celles qui ont besoin d’appuis à l’internationale, et en fonction de leurs besoins, à les mettre en contact vers les ONG telles que la Croix Rouge, Médecins du Monde ou la Ligue Internationale des Droits de l’Homme. Toutefois, des moments comme le Festisol, le festival des solidarités, permettent de donner de la visibilité aux associations de l’arrondissement qui œuvrent à l’internationale ou y déploient des partenariats.

Le volet Parcours d’accueil a de grandes ambitions : faciliter l’intégration de migrants via les questions d’hébergement, de logement, de travail, de sécurité, de scolarité des enfants, d’accès à la langue française et plus largement, à la culture et – nous avons eu un très bel exemple avec Ovale Citoyen, au sport. Il suppose donc une approche transversale qui reste une petite révolution au sein d’une équipe municipale, et ce d’autant plus que cette délégation est une création de cette mandature – qui n’existe que dans le 18e. Il y a donc tout un travail culturel à effectuer. Cela prend du temps, mais je suis patient et déterminé !

Fondamentalement, je souhaite identifier des têtes de réseau des populations étrangères du 18e (Bangladais, Pakistanais, Africains de Ouest ou d’Afrique centrale, Maghrébins…) qui ne sont pas constituées en associations, sans-papiers ou pas, et restent en dehors du spectre de la Mairie, afin de les inciter à s’exprimer dans les instances de démocratie locale, à se saisir des informations et propositions de la Mairie.

Je souhaite aussi parvenir à la gestion de lieux intermédiaires par des associations où loger les demandeurs du droit d’asile et les réfugiés une fois leur statut reconnu,  ou les migrants mineurs déboutés de leur minorité (alors même que 50% des recours engagés la reconnaissent) : sortis des dispositifs, ils sont considérés comme relevant du droit commun, ne peuvent plus bénéficier des logements d’urgence et se retrouvent plongés dans une grande précarité et à la rue.  

Qu’est-ce qui t’a amené à candidater comme élu avec les écologistes ? Une longue histoire !

Je viens d’une région du Mali dont les activités économiques centrées autour de l’élevage, l’agriculture et la pêche ont été rudement impactées par la sécheresse de 1975. C’est la solidarité familiale qui m’a permis, au bout de 7 ans, de financer mon départ pour la Belgique puis la France. Je leur étais donc collectivement redevable. C’est ce qui m’a poussé, d’un côté, vers l’engagement associatif qui a abouti à la création d’une école publique dans mon village et la rémunération des enseignants pendant 2 ans. Ce sont 700 élèves qui auront été scolarisés, dont 20 diplômés de Masters à Aix Marseille, avocat, infirmier… Nous avons également obtenu 60 vélos du domaine public qui permettent à des enfants entre 7 et 10 ans de faire les 8 km pour aller à l’école. Grâce à un documentaire retraçant cette aventure programmé de nombreuses fois sur la Chaîne parlementaire, nous avons eu des subventions pendant 10 ans pour acheter des fournitures scolaires.

Parallèlement, je me suis engagé pour la régularisation des Sans-papiers comme porte-parole de la Coordination parisienne (CSP 75). Cela m’a permis d’être en relation avec les institutions : conseil constitutionnel, parlement européen, gouvernements sous Sarkozy, Hollande, et bien sûr 20 ans de relations avec la Préfecture… Ce parcours nous a apporté une certaine crédibilité et nous avons été approchés pour nous engager au Mali. J’envisage d’y entrer en politique, mais… à la retraite !

En attendant, après avoir côtoyé les écologistes autour de divers mobilisations (occupation de l’église Saint Bernard, marches des sans-papiers, ouverture du Ministère de la régularisation de tous les Sans-papiers rue Baudelique…), et avoir été approché en 2019 par une équipe soudée, intéressante, volontaire et disponible, j’ai dit banco pour rejoindre leur liste ! Et d’autant plus naturellement que dans mon esprit, m’étant déclaré en 1993 comme réfugié climatique alors que les instances internationales n’avaient pas encore intégré cette réalité, cela fait longtemps que je me sais écologiste. Tendance communaliste, comme les Zapatistes.